Je fais le pari d’adapter Guerre et Paix de Tolstoï pour trois comédiens quand le roman comporte plus de 300 personnages.

 

Quand la guerre fait son retour en Europe, Tolstoï interroge la vitalité des êtres humains dans la bataille comme au quotidien, au cœur de la tempête qui gronde.

 

Ce défi d’adaptation, je le relève avec Maruska Le Moing, romancière. Elle sait décrire la société contemporaine avec une langue simple, concrète et rythmée. Nous travaillons également étroitement avec les comédiens, garants de la théâtralité de notre adaptation.

Limiter la distribution à trois comédiens est une contrainte forte. Elle oblige à quitter le roman pour le théâtre, à solliciter l’inventivité, la technique et la puissance de jeu des acteurs.

 

 

Guerre et Paix est une saga familiale et historique.

Tolstoï y mêle la grande Histoire – la campagne de Russie et la retraite de Napoléon – à la destinée des familles Rostov, Bolkonski ou Bezoukhov. Tout au long du roman, malgré les combats qui menacent leur pays, les personnages espèrent, aiment, doutent, se démènent, puis vieillissent. Quand nous quittons les personnages, leurs enfants grandissent à leur tour, et la vie continue, plus forte que la guerre.

 

Avec cette saga, je poursuis mon travail autour du poème documentaire : comment la vie des humains, l’intime, les naissances, les deuils, les amours, les espoirs, les petits riens et les grands drames de la vie se tissent en interaction avec l’histoire d’un pays, d’une société ou d’une époque.

 

Notre adaptation est ainsi ponctuée de discours, d’extraits de propagande diffusés sur les réseaux sociaux, de témoignages.

Nous commençons le spectacle en 2019, année de l’élection de l’acteur Zelenski en 2019, nous le poursuivons pendant l’invasion russe de 2022, nous vivons la première année de guerre et proposons une conclusion dans un avenir de science-fiction dystopique.

J’interroge l’importance de la communication et de la théâtralisation des évènements dans le déroulé des guerres contemporaines.

 

Je veux croire, comme Tolstoï, que la vie en elle-même est une chose belle, que même au cœur de la tempête, les actes d’héroïsme comme les petites vanités des hommes témoignent d’un désir et d’une énergie qui valent qu’on s’en souvienne, que nulle catastrophe n’est le dernier mot du destin.